Jeux de voiles.

Sujet: Jeux de voiles. Ven 20 Oct 2006 - 10:19

La grande fenêtre était grande ouverte, en plein milieu de la journée, les voiles qui servaient de rideaux flottaient de chaque côté des vitres battantes. Le soleil brillait suffisamment pour que ses rayons atteignent le verre réfléchissant qui brillait en fonction de sa position. Se charmant manège était beau pour sa simplicité, sa fraîcheur et pour sa poésie. Plus loin dans la chambre, on trouvait plusieurs lits, plus ou moins luxueux mais tous parés de voiles. Cette chambre était un grand espace respirant la pureté, chaque lit, était à baldaquin et des voiles blancs tombait de ses barreaux. Il suffisait d’un petit coup de vent pour que tout se mette en mouvement, les voiles s’envolaient, les fenêtre claquaient, le vent caressait vos joues et comme par magie, les tissus entament une danse enchanteresse. Douce et entêtante, fragile et violente.

Raphaël, lui, était assis sur une petite table, devant la fenêtre.
Ce spectacle la ravissait plus que tout et il pouvait passer plusieurs heures à admirer ce manège. Les voiles lui effleuraient le visage quand le vent était plus violent. Cette douce caresse égalait, en douceur, les mains de l’Ange. Pourtant, même si ce spectacle l’apaisait, il ne souriait jamais. Qui voudrait sourire de bonheur pareil ? ce n’était pas humain, c’était seulement poétique. Raphaël voyait dans cette dans une sorte de promesse à de temps meilleurs, mais qui croirait à la parole des objets ?

L’Ange tendit la main et attrapa le voile d’un mouvement bref et précis.
La soie lui resta dans la main, incapable de s’enfuir, comme lui ici. Il approcha le voile de son visage et doucement le caressa du bout des lèvres. Puis il remonta le tissu du bout des doigts avant de furieusement l’arracher à sa base.
Il détestait particulièrement que quelqu’un soit plus libre que lui et heureusement qu’il n’était jamais allé dans les bas-fonds, il aurait fait une hécatombe. Le voile lui tomba sur la tête, le recouvrant de la lourdeur de la soie blanche.
Il s’agenouilla, le voile sur la tête et le tira devant lui, l’étoffe tomba devant ses genoux…

Quelle tristesse, il venait de « tuer » la chose qui l’enchantait le plus de tout le harem. Comme quoi, cet Ange est vraiment irréfléchi. Il agit toujours sous impulsion, et regrette la plupart du temps ses actes.
Raphaël se leva brusquement, l’air affolé.
Qu’allait-il faire si on le voyait, l’étoffe arrachée dans les mains ? À oui, je ne vous ai pas dit, Raphaël exagère aussi tout ce qu’il fait, chaque petite chose sans importance est une montagne pour lui.

Il tira une chaise jusqu'à lui et monta dessus, le voile à la main, avec des gestes désordonnés, et son kimono emmêler entre ses longues jambes. Évidemment, ce genre d’habit traditionnel n’était pas fait pour l’escalade et le bricolage. Il essaya le plus vite possible de rattacher le rideau, déchiré à la base, en vain. Des gestes imprécis et agités emmêlèrent encore plus ce qu’il souhaitait faire.
Soudain, dans toute cette agitation, la chaise vacilla et tomba sur son flanc, Raphaël chuta, doucement comme au ralentit.
Il tomba sur le côté, se faisant très mal à l’épaule.

Pendant plusieurs secondes, il ne bougea pas, la douleur lui fourmillait dans tous les membres. Il resta allongé sur l’épaule, son souffle rapide faisait tressaillir ses côtes…Une larme perla sous son œil. Ça faisait mal.

Sujet: Re: Jeux de voiles. Dim 22 Oct 2006 - 3:00

Quel mensonge envoûtant...La beauté au sein même de l'horreur.

Aux yeux du Vampire, ce dortoir représentait la laideur dans toute sa splendeur. Cela l'emplissait d'un sentiment de haine, et de répugnance infinie.

Comme pour répondre à ses attentes, alors qu'il pénétrait d'un pas feutré à l'intérieur de la vaste pièce, la clarté du soleil s'assombrit soudain, les nuages dont le passage ne serait sans doute que trop bref entourant le soleil tel un voile, alors que les voilages se remettaient à claquer d'autant plus violement.
Alesci s'arrêta au milieu de la pièce, mains derrière le dos. Il ne savait jamais où les poser...
Un air malicieux se peignit à merveille sur son visage, s'étant toutefois résigné à balayer âprement la scène pathétique d'un coup d'oeil.

Mmh...L'angelot de service s'était-t-il donc payé une petite crise de colère?
Le jeune homme plissa les yeux, haussa un sourcil et s'accroupit à sa hauteur d'un mouvement gracieux, les pans de sa longue chemise voletant autour de lui.
Quoiqu'il en dise, Alesci n'aurait jamais été capable d'un tel acte...parce qu'il se contrefichait de toutes ces choses, ces petits détails qui, mit ensemble, constituaient un exemple frappant de l'idiotie angélique.
Non, il se serait contenté de passer à côté. Il y avait bien plus intéressant à faire...Observer la propre décadence des Anges, créée de toutes pièces par leurs soins, par exemple. Raphaël, lui, en était un beau.

Le ciel gris le mettait de bonne humeur...Heureusement. C'est pourquoi, lorsqu'il se pencha au dessus du jeune homme, Alesci esquissa un sourire, d'où n'émanait pas seulement une impression de malveillance, mais aussi d'un relent d'émotions profondément enfouies, implicites. Les voiles ne cessaient de s'agiter, l'immensité de la chambre s'emplit d'une atmosphère nouvelle. Le Vampire la respira à pleins poumons, paupières closes.
Lentement, il fit glisser une main ferme sur l'épaule intacte de Raphaël.
Alors, il sentit sa propre chaleur rencontrer celle de l'Ange. Alesci s'était nourri assez récemment, ça, il n'y avait plus aucun doute là-dessus.

Ses cheveux ébène tombèrent de chaque côté de son visage et atteignirent le visage de l'Ange en une caresse légère. Alesci leva brusquement une main, empreint encore et toujours de cette aura de menace qui planait entre eux deux. De cette même main, il écarta, douceur étrange, ses cheveux du visage angélique et les cala d'un seul et même côté, contre son épaule. Malgré tout, les deux hommes se trouvaient autant proches de l'autre, Alesci profitant bien entendu pleinement de cette position d'impuissance que lui offrait si pitoyablement l'angelot.

Le jeune homme pencha la tête de côté, semblant deviner via le regard qu'il jeta à son épaule endolorie le pourquoi de la larme qu'il recueillit sur son index...et porta à ses lèvres.
Il retira son doigt de sa bouche, et, d'un ton rendu quelque peu absent, murmura en le fixant d'un air rêveur:

"Ça va faire très mal."

Toujours aussi rassurant...

Sur ce, Alesci se redressa, non sans avoir agrippé Raphaël par le haut de son kimono. D'un coup sec, il colla les jambes du jeune homme l'une contre l'autre afin de se positionner à genoux, à califourchon sur celles-ci.

A bien y réfléchir, on pourrait effectivement croire qu'il s'agissait là d'une sorte d'attention afin de ne pas lui faire mal...Mais bon, passons.

Son bras vint se poser contre le haut de son dos. De sorte que le Vampire se rapprocha très près de lui. Leurs souffles s'entremêlèrent, les lèvres de l'un frôlant presque le haut du nez de l'autre.
L'idée d'Alesci était, il faut le dire, simple, mais douloureuse. Quoique pour cela, il lui fallut étreindre de l'entière emprise de ses doigts l'épaule blessée du jeune homme. Tiens, oui.
Touché...Il se l'était déboîté.

Ce coup-ci, le Vampire lui adressa non plus un sourire qu'il estimait suffisamment tacite, mais de ceux qui en révélaient plus qu'il n'en fallait...Un sourire du plus bel effet, carnassier.
Resserrant ses ongles sur sa peau, au même instant, Alesci exerça une pression sur le bras de Raphaël qui lui vaudrait quelques crampes plus tard, mais qui n'avait rien à voir avec le mouvement vif qu'il fit vers le haut...

Son geste fut accompagné par un claquement qui se répercuta à travers celui que produisaient déjà les voilages déchaînés, et de cette once que sentit le jeune homme zébrer l'épaule de l'Ange, pour le traverser, lui, en une satisfaction extrême...

[J'avais quelques doutes quant à la crainte du soleil, mais finalement...^^"]

Sujet: Re: Jeux de voiles. Mar 24 Oct 2006 - 19:43

La larme était restée, comme cristallisée sur sa joue pâle, et il ne songea pas à l’enlever, bien occupé à songer comment délogée cette douleur lancinante. Il respira doucement, ses côtes doucement secouer par sa respiration.
Raphaël ne parlait pas énormément, il préférait bien plus le silence et le bruit du vent, beaucoup plus sages que de soudaines paroles lâcher à l’improviste et provoquant des dégâts irréparables. Pour cause, l’Ange lui-même en avait assez souffert pour ne pas répéter la bêtise des autres.

Quand une présence s’approche de lui – car il est facile de sentir une présence néfaste dans votre dos- Raphaël ne se soucia même plus de la douleur qui avec entêtement lui donnait une envie de mordre le premier venu. Il est vrai que quand on connaît l’enfer, le purgatoire nous paraît doux, mais la métaphore est légère pour un être comme cette « chose » allongée par terre. Raphaël ne connaissait pas ce pas, non, il n’avait pas cette qualité auditive, par contre il connaît parfaitement cette manière, légère et à la fois lourde de conséquence de marcher, la résonance claire et piquante des pas de cette personne.
Croyez-moi, avec de l’expérience, vous apprendrez à reconnaître la façon de marcher de vos proches…Ou de vos ennemis.

Les yeux ouverts, ne sanglotant plus intérieurement Raphaël attendit, le souffle régulier, faut-il se lever et affronter son ennemi dans les yeux ?
Quelle réflexion stupide, songea l’Ange, comment avec cette épaule incapable aurait-il pu se défendre ou encore, songer à le détruire par la parole avec une présence douloureuse et constante occupant votre esprit ?
Raphaël sentit un ongle pécher sa larme… Comme quoi il suffit d’une seule larme pour attirer l’océan de malheur.

C’est à cet instant que l’Ange se jura de ne plus jamais verser une goutte larme, facile, il ne pleurait jamais volontairement, il n’aurait qu’à occuper son esprit à pire chose que celle dont il souffre.

Puis tel un pantin, il se laissa manipuler, à quoi bon lutter, plus vite sa douleur sera passée plus vite il retrouvera un rythme de vie normal.
Quand le vampire met alors sa main sur son épaule endolorie il ne gémis même pas, à quoi bon, cela aurait-il fait avancer le récit ?

Les paroles rêveuses de Alesci lui évoquèrent le désespoir dans lequel était plongé ce monde, il périrait lui aussi…Un jour, bientôt, et même peut être demain. C’est toujours ainsi que résonne Raphaël, avec poésie et pessimisme décalé.
Il sentit les doigts fermes se refermer sur son épaule déboîtée, son regard se voilà et, pendant quelques instants, il songea même à s’évanouir pour écourter la souffrance, mais comme tout esprit vicieux se respectant il serra les dents et savoura cette sensation.

Une fleur s’ouvrit dans son cœur et son parfum irradia tous ses membres, des couleurs fusèrent dans ses yeux : du cyan, du magenta et du vert pomme éclaboussait la zone sensible de son cerveau.
Son sang semblait remonter jusqu’au point P et des fourmillements le parcourait.
Évidemment, tout cela n’était pas visible pour le premier Vampire venu, il était d’ailleurs plausible que même Alesci, quoi qu’il soit dans le harem du Prince, est la chance de reconnaître visiblement le sentiment de jouissance qui parcourait Raphaël. Il est connu que les Vampires font bien souffrir, mais saches-t-il reconnaître la souffrance ?

Dans un soupir totalement inaudible à plus de 4 cm du visage de l’Ange, celui-ci se pencha et sans toucher sa chevelure noire il murmura, le regard voilé :

« On est jamais mieux servi que par autrui. »

Il tourna son regard dans le coup du Vampire, savourant son emprise sur lui et souffla délicatement dans sa longue chevelure noire, qu’il avait ramené sur l’épaule auparavant. Une longue mèche s’envola et se déposa plus loin dans son dos.

La douleur, après une brève satisfaction reprit sa lancinante douleur, décevant comme blessure…Elle ne dure même pas.

Sujet: Re: Jeux de voiles. Jeu 26 Oct 2006 - 0:52

Ah...La douleur. La voilà qui peine à se montrer. Serait-elle pudique? Mais qu'elle vienne donc...Alesci l'attendait impatiemment.

Toute sa vie durant, le Vampire s’était dissimulé aux yeux de tous, prônant le silence le plus absolu, l’indiscrétion dont l'unique allusion s'avérait être son intérêt soudain pour ses victimes, les regards voilés, l'âme en apnée... Car ils ne fallait pas qu'ils sachent, qu'ils voient.

Ses yeux exprimaient la plus totale indifférence, dans laquelle on aurait pu se noyer tant sa façon d'être, en cet instant, recelait à elle seule un bon nombre de secrets cachés, enfouis tel des trésors dans un champs de mines...

Comme si cela se suivait tout naturellement, son visage s’approcha si vite du sien qu’il parut désirer l’étreindre, se poser ne serait-ce qu’un instant autrement qu’en l’observant, tel un jouet dont on aimerait découvrir tous les aspects. Certes, nul d’entre les aspects du garçon ne pouvait prétendre parfaitement à une quelconque ingéniosité, ou encore conçu dans un but purement désintéressé…
Pratiques, malléables, légers et, à priori…silencieux. Sur ces points, il était plutôt idéal de concevoir l’idée de posséder un Ange chez soi. Alesci huma sa peau, le bout de son nez effleurant sa joue, sa peau lisse qu’il se contentait sans réellement en prendre conscience d’attarder subtilement au dessus de la peau douce et sucrée angélique, concordant avec grâce aux mouvements dont il usait afin de se redresser et de passer à un côté différent.
Ça sentait bon. Ça avait l’air appétissant…

Alors qu’il entrouvrait la bouche, sa lèvre inférieure hésitant au dessus de la lèvre supérieure de l’Ange, Alesci se sentit redresser lentement la tête, tel un enfant pris en faute, et le fixer intensément, faible lueur d'un carmin en voie de disparaître dansant au fond de ce regard statique, comme figé...Comme l'était le tigre altéré de sang. Comme devrait sans doute l'être Alesci...
Les vampires n'étaient pourtant pas les monstres assoiffés d'horreurs qu'on se figurait. Il ne s'agissait simplement que d'une image, créée de toute pièce afin de parer à la véritable crainte...Le Vampire était imprévisible, guidé par un je ne sais quoi que le jeune homme pouvait aisément définir à cet instant. Alors que son visage s'ornait d'un masque serein, quoique presque trop humain, il l'entendit d'autant plus distinctement. Le battement de son coeur.

Ce fut ça, plus que le reste, plus que la faim déjà bien rassérénée du Vampire elle-même qui le fit attendre, à la manière d’un chat qui monte sur les genoux de son maître pour venir y ronronner...peut-être même de lui faire profiter de cet apaisement.

Ses bras se firent ballants, abandonnés sur les minces épaules de Raphaël, pour finir par glisser le long de son dos jusqu'à se poser chastement contre ses fesses. Alesci ne faisait réellement attention à son hôte, distrait, demeurant l'oreille tendue dans l'espoir d'écouter davantage la lente pulsation qui battait aux portes de sa conscience, pour s'immiscer langoureusement en son inconscience. L'esprit nourri de quelque douce mélodie, le Vampire se décida finalement à poser ailleurs ses yeux éclaircis, qui rencontraient jusqu'à présent le torse du jeune homme, contre lequel son front s'était posé soudainement, inconscient, pourtant toujours empreint de cette langueur aux origines indéfinissables. Ce fut alors qu'il sembla s'en apercevoir, le voir pour l'une des premières fois, si pas la seule et unique. Sur son visage, nulle expression ne trahissait ses traits impassibles, mais il subsistait pourtant un quelque chose, extraordinaire transporté par la passion, que Alesci adressa à cet instant à l'autre.

D'ange, il n'en avait plus que le nom...

On aurait crut aussi bien à n'importe quelle étreinte que partageraient deux amants...Tellement différents.
Néanmoins, cette ardeur insoupçonnée était pour le moins, assez étrange...Ne concernerait-elle plus que le sang? Cet aspect, ce détail auquel il s'était à jamais vu confié. Il aimait le sang qui battait dans ces veines. Mais tout comme Alesci le montra dans la façon brusque dont il enlaça l'Ange, il la haïssait pour cette dépendance que le sang, voire même l'horreur simplement s'était permis de créer en lui...ne laissant rien, si ce n'est un désert, ou l'un de ces lieux inhabités, vides, pareils aux champs dévastés qu'engendraient les maintes batailles...
Y compris celle qu'unissait ces deux êtres, qui brillait dans les yeux du Vampire, afin de le faire pencher, pernicieuse, de pousser Raphaël au sol, doucement, et de ne pouvoir attendre qu'il touche le sol...Alesci posa ses lèvres sur celles du jeune homme, sans nul autre geste que ceux qui témoignèrent de ce baiser doux, chaste, presque enfantin; avant-bras reposants sur le sol, ses cheveux qui glissèrent sur le torse de l'Ange, et sa main marquée qui vint se plaquer contre le coeur de Raphaël...