Histoire
Zakhiel est né au Paradis il y a bien longtemps, mais n’était pas ce qu’on appelle un enfant attendu. Bien au contraire, d’après ses parents il s’agissait là d’une malédiction car ils ne désiraient aucun rejeton, voulant vivre tranquilles de toute charge au long de leur si longue vie d’ange. Mais ils ne pouvaient pas faire grand-chose contre cela, tous les anges de bonnes familles comme eux avaient pu voir le ventre proéminant de la future maman, nommé Rachelle, et si ils se débarrassaient de l’enfant, cela serait trop suspect. Ils ne voulaient pas non plus que leur si bonne réputation, durement obtenue soit entachée par un bambin qui même avant sa naissance posait déjà des problèmes à ses parents. Mais ce qui devait arriver arriva et l’enfant naquit lors d’une nuit qui fut atroce du point de vue de sa mère – qui ne s’empêcha pas de le lui rappeler tout au long de son enfance d’ailleurs.
Par chance pour ses parents – mais surtout pour lui-même, Zakhiel était un enfant très calme, pleurant certes comme tous les anges de son âge, mais il fut très vite propre, apprenant à marcher, voler et baragouiner quelques mots de son invention plus rapidement que certains anges. Mais loin d’être fiers, les deux adultes trouvaient toujours moyen de se plaindre de leur enfant pourtant adorable aux yeux des autres. Et pourtant ils ne passaient pratiquement pas de temps avec lui, le laissant aux mains d’une nourrice qu’ils payaient une misère, le seul moment de la journée où ils le voyaient était lors du dîner, mais c’était seulement pour lui faire des reproches, proclamer qu’il n’était pas digne d’être leur fils, qu’il n’aurait jamais dû naître. Forcément lorsque l’on s’entend dire des choses de ce genre depuis que l’on est petit, on ne devient pas un enfant joyeux et respirant la joie de vivre, au contraire… Il était le genre de garçon qui restait seul dans son coin, s’amusant à s’envoler et à faire des cabrioles mais restait relativement vide à l’intérieur de lui, voulant lui aussi être comme tous les autres enfants et jouer toute la journée. Seulement ses parents ne lui autorisaient pas ce genre de « futilités »…
Mais ces derniers, malgré le temps passé, ne pouvaient toujours pas accepter d’avoir un enfant, faisaient jusqu’à des crises de nerf quand ils le voyaient, le frappant sans aucune motivation valable – d’ailleurs, aucune motivation n’est valable pour frapper un enfant… Ils commençaient à perdre la raison « par la faute » de leur fils, alors que ce dernier faisait tout pour s’effacer, obéissait docilement à ses parents pour ne pas se prendre de coups supplémentaires. Et malgré tout cela, les deux adultes continuaient de lui faire des reproches sans cesse, de le traiter comme un esclave et non comme un enfant, pas comme un fils. Rachelle et Aniel, son père, trouvèrent finalement une solution lorsque Zakhiel atteignit une dizaine d’années : pourquoi ne pas faire croire à un enlèvement ? Alors ils décidèrent d’aller se promener, le plus simplement du monde dans une forêt proche de la limite entre le Paradis et les Enfers. Le petit ange était énormément surpris de voir ses parents sourire, semblants tous deux heureux et il ne pu s’empêcher lui aussi d’étirer ses lèvres en un énorme sourire, ne se doutant pas de la raison de la joie subite de ses parents.
Ainsi, ils arrivèrent jusqu’à un coin plutôt « calme » de l’entre monde. Bien sûr, le sol était jonché de corps d’anges autant que de vampires, mais aucun combat n’avait alors lieu. Devant ce spectacle macabre, Zakhiel resta figé un long moment, horrifié de cette odeur de sang, de cette vue sanglante. Il se retourna alors vers ses parents, voulant leur demander de faire demi-tour, d’aller se promener ailleurs, il ne voulait plus rester ici à regarder ce spectacle horrifiant. Mais il paniqua encore plus quand il vit sans comprendre le regard et le sourire satisfait de ses parents. Il voulut s’enfuir et rentrer chez lui mais ses parents l’en empêchèrent, le mettant à terre, dans la boue et ils commencèrent à le frapper plus violement que jamais, jusqu’à ce qu’il ne soit même plus en état de se relever et le laissèrent là, lui criant une dernière fois qu’ils le détestaient, qu’il n’aurait jamais dû exister. Complètement brisé, autant moralement que physiquement, il resta dans la bout pendant un long moment bien qu’il n’ai aucune notion de temps. Il ne savait plus si cela faisait des heures ou bien des jours qu’il était seul.
Quoi qu’il en soit, au bout d’un moment, un vampire patrouilleur apparut à l’horizon, il semblait être venu se rendre compte des dégâts qui avaient eu lieu lors du combat, cherchant des survivants. Mais il n’en trouva aucun, les corps semblant morts depuis des lustres tant ils étaient méconnaissables. Il allait repartir vers une autre zone lorsqu’il aperçut – on ne peut plus surpris – Zakhiel qui n’était certainement pas un combattant étant donné son jeune âge. Comment avait-il fait pour atterrir jusqu’ici ? Et surtout dans cet état… Apprenant grâce à ses ailes d’un blanc immaculé malgré la boue qui les couvraient qu’il s’agissait d’un ange, il prit l’initiative de traîner jusqu’en Enfer un Zakhiel plutôt inactif, ayant le corps trop endoloris pour faire quoi que ce soit, étant trop brisé pour s’y opposer. Toujours dans un état comateux, il fut vendu à un vampire plutôt âge qui soigna ses blessures afin qu’il puisse être « opérationnel »…
Après quelques jours de récupération, il eut droit à un long discours de la part de son premier Maître qui lui expliqua qu’à présent il était en Enfer, dans le monde des vampires et qu’il allait devoir lui obéir s’il voulait être traité dans les meilleures conditions. Il se sentait alors comme vide, et réagissait pareil à une poupée de tissu, comme une marionnette. Il avait été abandonné par ses parents aux mains de ces buveurs de sang et les dernières paroles qu’il avait entendues le laissaient alors complètement froid, une colère sourde grondant en lui. Il n’avait jamais demandé à naître et on le lui reprochait pourtant… Alors il obéissait simplement au vampire, faisant le ménage dès qu’il fut rétabli et pendant plusieurs années. Jusqu’à ce qu’il atteigne une vingtaine d’années, alors son Maître commença à boire son sang, l’estimant assez âgé pour que son fluide vital puisse se renouveler assez rapidement et qu’il ne ressente pas de trop grande fatigue. Et au fur et à mesure des morsures, des caresses dans le but de détendre, ces dernières se firent de plus en plus poussées jusqu’à devenirs intimes.
Ainsi, l’ange satisfaisait tous les besoins du vampire, et était alors un esclave dans tous les sens du terme. Cela continua pendant trois décennies, en réalité, jusqu’à ce que le vampire succombe à une des nombreuses batailles où il fut convoqué et périt contre un ange, certainement plus jeune et plus vif que lui. Zakhiel eut une once d’espoir, croyant qu’ainsi seul, il serait oublié de la part des vampires et pourrait se laisser dépérir simplement. Mais un ami du défunt vint dans son appartement dans le but de récupérer ses affaires et de les faire brûler avec lui. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit l’ange blond blottit dans un coin. Il ne le prit pas avec lui, car il avait déjà nombre d’anges comme esclaves et un garçon chétif comme lui ne l’intéressait pas. Alors il le mena à une famille qu’il connaissait pour chercher momentanément un esclave qui puisse les servir longtemps.
Mais là-bas, il ne servit ni de garde manger, personne ne lui prit jamais de sang, ni d’objet à servir les désirs intimes de ses Maîtres, car il n’appartenait à personne en particulier, mais à toute la famille et devait obéir pareillement à n’importe quel service demandé par n’importe quel membre de la lignée, que ce soit un frère, un cousin ou un parent. Il était traité comme un esclave sans être complètement maltraité. Enfin, il ne l’était que s’il ne remplissait pas correctement ses tâches. Etant une famille plutôt noble, issue de l’aristocratie, ils ne voulaient pas non plus d’un ange idiot et sans culture. Ainsi il du apprendre sur le bout des doigts la moindre coutume des vampires, la moindre date de guerre, l’histoire du Prince qu’il devait à présent respecter mille fois plus que le sien. Ce n’était pas vraiment pour que Zakhiel se sente mieux, mais plutôt pour qu’il ne passe pas son temps à ne rien faire, qu’il soit trop épuisé par tout ce qu’il devait apprendre pour se rebeller, désobéir ou penser à s’enfuir. Mais il avait le droit tout de même à quelques moments seul, où il prenait plaisir à exercer ses ailes et voleter.
Toute cette petite routine continua quelques centaines d’années, faisant office d’ange à tout faire pour la famille. Jusqu’à la naissance du petit vampire. Alors qu’il était à présent âgé de plus de 500 ans, il lui fut ordonné de s’occuper du bambin, ce qui ne fut pas pour lui déplaire, appréciant la compagnie de l’enfant avec qui il passait plusieurs heures par jour. Mais il restait tout de même assez effacé, ne se montrant que lorsque son bien jeune Maître pleurait, lui donnant à manger et le lavant comme s’il s’agissait de son petit frère. Il l’observait de loin et en silence, prenant grande attention à ses progrès plutôt surprenant pour quelqu’un de son âge. Il était d’ailleurs heureux de le voir aussi amoureux des livres qui lui permettraient d’avoir une grande culture. Mais sans avoir le droit de dire quoi que ce soit, il désapprouvait le fait qu’il ne fasse que ça, ne pensant même plus à manger ou se reposer. Alors il faisait du mieux qu’il pouvait, l’obligeant à avaler du sang au moins une fois par mois, prétextant souvent qu’il s’agissait d’un ordre de ses parents, même si cela n’était pas toujours le cas…
Il le regarda ainsi grandir dans cette pension pour la lecture, puis pour les potions, les plantes et la médecine. Tout cela jusqu’au soir où les parents de son Maître partirent à un repas mondain. Alors qu’il passait devant la chambre de son jeune Maître dans le but de voir s’il était endormi, s’il devait éteindre ses bougies. Mais tout ce qu’il vit fut les flammes qui léchaient les contours de la porte, avec horreur il se précipita vers un évier et il se mouilla abondamment ses ailes gigantesques. Sans perdre de temps, il couru vers la chambre de Laileb et s’entourant de ses ailes et alla le rejoindre le vampire dans un coin de la pièce pour l’entourer de ses ailes et le protéger des flammes. Le voyant perdu dans ses pensées, ne réagissant pas il lui donna une gifle assez forte pour qu’il recouvre ses esprits mais pas assez puissante pour laisser une marque sur sa peau diaphane. S’il chantait seul les paroles de magie angélique, cela n’aurait qu’un effet ridicule dans le monde des Enfers, il fallait qu’il fredonne ces chants avec un vampire. Ce qu’il fit dès que son Maître entamant un des chants.
C’est surpris que Zakhiel vit les gouttes d’eau salées dévaler les joues de Laileb. Sans hésitation il se permit de le serrer contre lui et de le consoler comme il pouvait, sans porter attention à ses ailes auparavant gigantesques qui avaient brûlées malgré l’eau qu’il avait versé dessus. Il ne fit pas attention non plus à la douleur pourtant fulgurante qui lui traversait le dos et continua simplement de bercer son jeune Maître jusqu’à ce que ses larmes se tarissent. Mais il fut une nouvelle fois surpris par le vampire qui était en train de lui soigner ses ailes. Un de ses sourires si rares se dessina sur ses lèvres qu’il posa sur le front de son guérisseur en remerciement, n’ayant malheureusement rien d’autre à lui donner qu’un brin de tendresse qu’il n’avait jamais reçu de la part de ses parents… Comme lui. Il suivit alors son Maître dans sa fuite, veillant à ce qu’il ne lui arrive rien, sa raison de vivre était en réalité devenue très rapidement – certainement depuis sa naissance – le petit vampire de la famille qu’il servait depuis des siècles. Et pourtant, malgré tout ce qu’il fit pour l’aider, il ne pu que regarder impuissant Laileb se tordre de douleur sans comprendre d’où venait cette dernière. Paniqué, Zakhiel décida d’entrer plus profondément dans la ville et de chercher le guérisseur dont il avait vaguement entendu parler par les parents du vampire qu’il servait. Mais il ne voulait pas trimbaler ce dernier dans tous les sens en cherchant le guérisseur, il risquait de le blesser plus qu’autre chose. Alors il le laissa contre un mur, faisant un rapide bandage autour de sa blessure et même si cela le laissait bien plus inquiet qu’il ne le laissait paraître, il le laissa seul et partit dans la direction qu’il pensait être celle du guérisseur… Ce qui ne fut malheureusement pas le cas.
Famille : Ses deux parents mais il considère plus la famille qu’il sert comme la sienne.
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Sam 20 Jan 2007 - 13:38
